Patrimoine et communauté universitaires. L’inventaire participatif de l’Université de Perpignan Via Domitia

 

Patrimônio e comunidade universitária. O inventário participativo da Universidade de Perpignan Via Domitia

 

University heritage and community. The participative inventory of the University of Perpignan Via Domitia

 

Patrimonio universitario y comunidad. El inventario participativo de la Universidad de Perpiñán Via Domitia

 

Virginie SOULIER[1]

 

Caixa de Texto: Correspondência 

Autor para correspondência. Virginie Soulier
E-mail: virginie.soulier@univ-perp.fr
ORCID: https://orcid.org/0000-0002-4893-3673 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

      


RÉSUMÉ

Comment appréhender le patrimoine d’une université ? L’article présente le projet d’inventaire participatif mis en place à l’Université de Perpignan, une des plus jeunes universités de France et en même temps, une des plus anciennes d’Europe. Selon une approche info-communicationnelle, nous interrogeons la patrimonialité des objets contemporains du savoir. Nous expliquons pourquoi et comment nous impliquons la communauté universitaire en établissant les liens entre les notions de communauté et d’université. Il ressort, entre autres que les fabriques de la science et du patrimoine sont corrélativement associées.

 

Mots-clés: Communauté universitaire. Inventaire participatif. Patrimoine universitaire. Patrimonialisation. Patrimonialité.

 

ABSTRACT

How do you understand a university's heritage? This article presents the participatory inventory project set up at the University of Perpignan, one of the youngest universities in France and, at the same time, one of the oldest in Europe. Using an info-communication approach, we examine the heritage of contemporary knowledge objects. We explain why and how we involve the university community, establishing links between the notions of community and university. It emerges, among other things, that the factories of science and heritage are correlatively associated.

 

Key words: University community. Participatory inventory. University heritage. Patrimonialization. Patrimoniality.

 

RESUMO

Como entender o patrimônio de uma universidade? Este artigo apresenta o projeto de inventário participativo criado na Universidade de Perpignan, uma das universidades mais jovens da França e, ao mesmo tempo, uma das mais antigas da Europa. Usando uma abordagem de infocomunicação, examinamos o patrimônio de objetos de conhecimento contemporâneos. Explicamos por que e como envolvemos a comunidade universitária, estabelecendo os vínculos entre as noções de comunidade e universidade. Entre outras coisas, mostramos que a ciência e o patrimônio estão associados de forma correlata. 

 

Palavras-chave: Comunidade universitária. Inventário participativo. Patrimônio universitário. Patrimonialização. Patrimonialidade.

 

RESUMEN

¿Cómo entender el patrimonio de una universidad? Este artículo presenta el proyecto de inventario participativo puesto en marcha en la Universidad de Perpiñán, una de las más jóvenes de Francia y, al mismo tiempo, una de las más antiguas de Europa. Mediante un enfoque infocomunicativo, examinamos el patrimonio de objetos de conocimiento contemporáneos. Explicamos por qué y cómo implicamos a la comunidad universitaria estableciendo los vínculos entre las nociones de comunidad y universidad. Resulta, entre otras cosas, que las fábricas de la ciencia y el patrimonio están correlativamente asociadas.

 

Palabras clave: Comunidad universitaria. Inventario participativo. Patrimonio universitario. Patrimonialización. Patrimonialidad.

 

 

1 INTRODUCTION

 

L’histoire des musées est souvent liée à celle des universités. Ces institutions du savoir œuvrent au progrès des connaissances et au développement de la société. Elles transmettent théories, pratiques et objets relatifs à l’évolution de la science. Le deuxième musée crée à l’époque moderne est d’ailleurs un musée universitaire. Le Ashmolean Museum a ouvert ses portes en 1683 à l’Université d’Oxford au Royaume-Uni. De nombreuses universités, souvent prestigieuses sont traditionnellement attachées à un musée, comme celles de Harvard aux Etats-Unis, McGill au Canada. En France, les universités de Strasbourg, Bordeaux, Sorbonne, Lyon, Lille, Toulouse et Montpellier possèdent également leurs collections et espaces muséaux. Généralement, les universités les plus anciennes ont accumulé et conservent des collections de manuscrits, d’échantillons, de reproductions d’œuvres et d’artefacts. Nul doute quant aux valeurs scientifiques, historiques et pédagogiques de ces objets qui forment un ensemble patrimonial, muséalisé.

Le problème se pose quand il s’agit d’une université récente où les objets sont contemporains, mais aussi dispersés et surtout enfermés dans les huis-clos des bureaux.

Notre projet consiste à amorcer une démarche muséologique à l’Université de Perpignan. Le point de départ est de rendre compte d’un certain intérêt, d’une conscience voire d’un regard patrimonial. Nous voulons identifier leur patrimonialité. Il s’agit de mettre au jour la valeur intrinsèque et le caractère patrimonial d’objets. Notre objectif est de faire émerger les critères de référence plus ou moins implicites. Autrement dit, qu’est-ce qui fonde les choix et décisions de sélection, de préservation et d’exposition pour les membres de cette université ?

Notre ancrage info-communicationnel s’inscrit dans l’approche relativiste qui définit la patrimonialisation en tant que processus social, s’opposant ipso facto à la catégorie universelle du patrimoine (Davallon, 2019). En ce sens, le patrimoine demeure en mouvement. Il est instable. L’enjeu est d’en cerner les opérations constitutives et les évolutions. La patrimonialité résulte d’une construction collective qui génère entre autres, une fonction socio-symbolique (Davallon, 2006). D’un point de vue méthodologique, notre posture est d’inclure dans cette activité d’inventaire la communauté à laquelle nous appartenons. C’est en suscitant une certaine réflexivité entre l’univers quotidien et la dimension patrimoniale de certains gestes et objets, que nous analysons ce qui se joue dans cette expérience aux objets afin de mieux penser la relation entretenue avec ces derniers. Sur le terrain, nous nous sommes inspirés de la démarche participative de la muséologie sociale (de Varine, 1976, 1991) en demandant directement à la communauté universitaire ce qui fait patrimoine.

L’enquête consiste à engager des échanges quant aux traces et témoins des activités tant académiques que techniques. Pour être en mesure de retracer à la fois des dimensions matérielles et immatérielles de cette dynamique patrimoniale, nous avons mené des entretiens et des observations. Nous avons sélectionné avec chacun des directeurs des laboratoires des objets, les plus spécifiques et représentatifs des travaux de cette université afin de déterminer leur valeur patrimoniale et ce qui fait sens pour eux. Nous avons ainsi défini avec le personnel : les représentations et les significations de ces objets en s’intéressant à leurs récits et à leurs gestes dans la fabrique et la préservation de la science.

L’article présente le contexte du projet, la méthode, les assises théoriques et la classification du patrimoine universitaire qui résulte de ce projet d’inventaire.

Contexte : quel patrimoine à l’Université de Perpignan ?

2 RAPPORT AU PASSÉ D’UNE “SI JEUNE VIEILLE UNIVERSITÉ”[2]

 

En 2009, l’université a adopté le nom d’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD) pour mettre en valeur son héritage historique et sa situation géographique, stratégique depuis l’Antiquité. Au cœur de la méditerranée, elle s’affiche comme porte ouverte sur le monde.

L’exégèse de l’institution rend compte de la richesse du fonds d’archives depuis sa fondation au Moyen-Âge, mais l’historiographie montre toutefois que peu de chercheurs s’y sont intéressés (Catafau, 2013). Déjà en 1970, Gigot, l’ancien directeur des Archives départementales des Pyrénées-Orientales, constatait que l’histoire ancienne de l’université de Perpignan est à écrire (Catafau, 2013).

Qualifiée « d’Université-phénix » (Carmignani, 2001, p.17), elle renaît de ses cendres, au milieu du XXe siècle, après 164 ans de fermeture. Crée en 1350 par le roi Pierre IV d’Aragon (et comte de Barcelone), son ouverture officielle et effective a lieu en 1379 à partir de la bulle papale de Clément VII. Nommée, studium generale (« Maison de toutes sortes d’Etudes » (1996), elle est une des plus anciennes universités d’Europe. La seule existante en catalogne-aragonaise. Elle offre des hautes et complètes études en médecine,

droit et arts, du baccalauréat au doctorat durant l’Ancien Régime (Catafau, 2013). Elle jouit des mêmes privilèges et libertés que les universités de Lérida et Toulouse. La théologie est par la suite enseignée à l’instar de ses consœurs catalanes et montpelliéraine dès 1447. Elle est ensuite rattachée au royaume de France par le traité des Pyrénées en 1659 (Fig 1)[3].

 

Fig 1- Vue de la façade de I’Univrsité de Perpignan

Louis-Nicolias Lespinasse (1734-1808)

Après une période de crises, l’Université de Perpignan connaît un renouveau durant le XVIIIe siècle (Baisset, 2013). Elle est dotée de plusieurs chaires nouvelles, d’un jardin des plantes de 1759 (à 1859) (Fig 2)[4], ainsi que d’un cabinet de physique et d’anatomie (Baisset, 2013).

Fig 2- Vue du jardin des Plantes de l'Université de Perpignan

Louis-Nicolas Lespinasse (1734-1808)

 

Dès 1770, un cabinet d’histoire naturelle est constitué. Il est repris en 1835 par la Société philomatique de Perpignan, puis il devient en 1840 le Muséum d’histoire naturelle de la ville de Perpignan. Il est composé d’objets d’archéologie, de zoologie, minéralogie et d’ethnologie. 

L’institution doit cependant fermer, comme toute université française dans le contexte de la Révolution en 1793. Dès 1808, plusieurs universités ont pu réouvrir leurs portes. L’Université de Perpignan attend jusqu’en 1957, tout en demeurant seulement, un centre universitaire sous l’égide des facultés de Montpellier. Elle reprend progressivement sa place dans l’enseignement supérieur français. En 1971, son administration et sa communauté universitaires deviennent indépendantes. Elle gagne finalement sa pleine autonomie pédagogique en 1979, ce qui fait d’elle, une des universités les plus récentes (Sagnes, 2013). « L’Université de Perpignan est à la fois une vielle dame et une toute jeune institution » (Hoerner, 2001, p. 19).

Au seuil du troisième millénaire, trois ouvrages collectifs sont publiés en 1996[5], 2001[6] (célébrations du 650ème anniversaire) puis en 2013[7]. Ils retracent son histoire et portent un éclairage sur son évolution et ses perspectives quant à sa vocation pluridisciplinaire, son ancrage dans la cité et le Roussillon, mais aussi en tant qu’université de frontière et transfrontalière. Ils rendent compte de la vie, des valeurs et du fonctionnement, ainsi que des transformations de la « communauté universitaire » à travers ses différentes périodes, tout en soulignant l’idée que ce « corps universitaire est un, tout en ayant plusieurs membres » (Carimagni, 2001, p. 17) : E Pluribus Unus.

3 LE PROJET D’INVENTAIRE PATRIMONIAL

Le projet d’inventaire du patrimoine universitaire a été lancé en 2020 au sein du cabinet de la présidence qui propose alors d’identifier et de valoriser son patrimoine. Cette initiative vise à plus long terme à mieux promouvoir et transmettre les domaines de recherche et d’enseignement de l’établissement. Elle s’intègre dans les missions confiées au service public de l’enseignement supérieur (Baudier et al., 2019, p. 19).

Au premier abord, il apparaît peu pertinent voire impertinent de mener un inventaire. Mise à part les fonds de la bibliothèque universitaire et les collections déjà confiées à des équipements patrimoniaux externes, comme à l’aquarium Oniria (collections de coraux), cette université ne possède plus d’espaces muséaux. Les objets sont encore utilisés, sinon mis de côté et entassés dans un coin de salle, ou bien recyclés et jetés. La démarche demandée ne s’inscrit pas dans une approche classique de gestion du patrimoine culturel, ne disposant pas de recul temporel et de prise de distance intellectuelle collective. D’ailleurs, le malentendu provoqué par cette décision chez les enseignants-chercheurs est significatif. La première impression est que la hiérarchie souhaite recenser les outils et les instruments des laboratoires pour avoir une certaine main mise. La notion de « patrimoine » dans ce discours institutionnel génère un malaise. D’une part, ce mot renvoie au « Pôle patrimoine » des services centraux qui gère la maintenance et la logistique du matériel et de l’immobilier de l’établissement. Une certaine résistance apparaît quand on demande d’ouvrir les tiroirs et placards pour répertorier ce qui y est entreposé. Quelques personnes éprouvent le sentiment qu’on entre dans leur sphère, interzone entre le professionnel et le personnel. Cette attitude se comprend très bien, ce pourquoi nous devons expliquer les fonctions culturelles et scientifiques de notre travail, sans biaiser l’investigation. D’autre part, il est difficile à ce stade pour les enseignants-chercheurs d’envisager un patrimoine répondant à leurs représentations et critères traditionnels. Ainsi, une certaine incompréhension apparaît quant à l’intérêt patrimonial des objets de travail du quotidien ou bien déjà délaissés dans l’avancement de la science. Cela rejoint les constats de Lempereur, confrontée dans ses enquêtes à la même réaction des enseignants-chercheurs de Liège (2014). En outre, dans certains domaines notamment en sciences humaines et sociales, mis à part les mémoires et les publications, les chercheurs ont du mal à reconnaître des éléments de valeurs patrimoniales.

Néanmoins, il suffit d’écouter dans les couloirs les anciens étudiants, les enseignants-chercheurs les plus âgés et de porter attention aux discours des retraités pour remarquer que l’UPVD a pour eux changé, « elle n’est plus, ce qu’elle était ». Sans forcément tomber dans la nostalgie ou le jugement, les commentaires d’ordre factuels et contextuels portent à la fois sur les bâtiments et l’extension des campus (« des édifices ont été démolis, d’autres construits, de nouvelles antennes sont créées »), mais aussi sur les pratiques, les équipements pédagogiques et scientifiques « qui ont beaucoup évolué ces dernières années ». Tout en avançant avec précaution, nous demeurons attentifs à cette impression de transformation. L’éclosion du patrimoine s’enclenche généralement à la suite d’une rupture, ou tout du moins, d’un sentiment de changement (Rautenberg, 2003).

La préoccupation patrimoniale d’abord portée par la vice-présidence, Valorisation recherche, nous convainc de réaliser un premier état des lieux. L’ensemble du projet a été mené avec Matthieu Martel, le vice-président et Lauriane Albertini, étudiante-apprentie en Master 2 Patrimoines[8].

 

3.1 Cadres et enjeux universitaires

 

S’appuyant au préalable sur les recommandations de la mission nationale PATSTEC (PATrimoine Scientifique et TEchnique Contemporain), le cadre donné est de repérer, sauvegarder, documenter et mettre en valeur les instruments scientifiques de la recherche[9]. La mission nationale a été créée en 2003. Elle vise à répondre à la nécessité de recenser et conserver des objets qui témoignent des avancées scientifiques et technologiques récentes[10]. Elle s’engage notamment dans la numérisation en ligne des collections pour une plus large diffusion des données et des résultats de la recherche.

Elle est issue d’un programme universitaire mené par Cuenca en 1996 « Mémoires de l’innovation technologique » à l’Université de Nantes dont le but est de « repérer le patrimoine scientifique et technique de cette université et de mener des actions de valorisation auprès des publics » (Cuenca, 2010, p. 22) qui est ensuite devenu un programme à l’échelle régionale, puis nationale.

Au tournant des années 2000, plusieurs programmes de sauvegarde et de réseaux universitaires en Europe et à l’international ont été mis en place pour protéger et valoriser le patrimoine universitaire[11].

Dès 2005, le Conseil de l’Europe adopte une recommandation sur la gouvernance et la gestion du patrimoine universitaire. Elle demande aux universités

[] de considérer l’ensemble du patrimoine de l’établissement d’enseignement supérieur comme relevant de sa responsabilité ultime, morale, administrative et juridique (Soubiran, 2007, p.34).

 

Elle établit une déclaration d’intentions et un guide des bonnes pratiques propos des

[] politiques, la législation, la gouvernance et la gestion, le financement, l’accessibilité, la formation professionnelle, la recherche, la sensibilisation, les relations avec les collectivités territoriales, et la coopération internationale (Soubiran et al., 2009, p.7).

Selon la définition du Conseil de l’Europe, le patrimoine universitaire

[] désigne l’ensemble du patrimoine matériel et immatériel lié aux établissements, organismes et systèmes d’enseignements supérieur, ainsi qu’à la communauté des universitaires et des étudiants, et à l’environnement social et culturel dans lequel s’inscrit ce patrimoine. On entend par "patrimoine des universités" l’ensemble des vestiges matériels et immatériels d’activités humaines liéesl’enseignement supérieur. C’est un réservoir de richesses accumulées qui intéresse directement la communauté des universitaires et des étudiants, leurs croyances, leurs valeurs, leurs résultats et leurs fonctions sociales et culturelles, ainsi que le mode de transmission du savoir et la faculté d’innovation (Ballé et al., 2016, p. 149).

Le patrimoine des universités est l’objet d’une préoccupation commune et d’un intérêt croissant à l’échelle européenne (Soubiran, 2007).

De plus, le décret n°2018-792 du 13 septembre 2018, relatif aux services communs universitaires, officialise, notamment, les modalités de création des services universitaires chargés de la diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle. Il précise dans les missions attribuées ; Art. D. 714-94 – « Valoriser le patrimoine architectural, artistique et paysager du campus »,  Art. D. 714-96« Valoriser le patrimoine scientifique et technique du campus  »[12].

Selon ces textes, juridiquement souples (Bassano et Dubreuil, 2015), la reconnaissance patrimoniale est accordée ; aux objets contemporains, aux expressions tant matérielles qu’immatérielles, mais aussi à chacune des universités, les inscrivant in fine dans un bien commun. Nous nous appuyons au préalable sur cette acception commune. Qui plus est, les travaux de Soubiran (2016), ainsi que l’enquête de l’OCIM sur les collections scientifiques et techniques des universités (Baudier, 2019), montrent les besoins et intérêts d’une telle démarche. 

 

3.2 Interroger la patrimonialité avec la communauté

 

Comment considérer et concevoir le patrimoine universitaire ? L’objectif est d’interroger la patrimonialité des objets qui manifestent la science d’hier, d’aujourd’hui en vue de demain afin de pénétrer ce qui se joue au sein de l’UPVD, tout en s’écartant des déclarations précédemment citées. D’après le modèle de patrimonialisation de Davallon (2006, 2015, 2018), notre inventaire est pensé en tant que gestes à la fois de « trouvaille » où le groupe estime qu’un objet est digne de « valeur », mais aussi « d’étude de l’objet et de mobilisation d’une production de savoir » afin de le documenter.

Nous procédons en six étapes ; 1- revue de littérature et veille en patrimoine, 2- élaboration et réalisation d’un protocole d’investigation (adapté aux contraintes sanitaires liées à la COVID-19), 3- construction et application d’un système de classification et de documentation, 4- campagne photographique, 5- rédaction et publication d’un catalogue sur les objets du savoir de l’UPVD (Martel, Soulier, Albertini, 2021), 6- exposition photographique des gestes et portraits de la communauté universitaire à titre de restitution, présentée à la BU.

 

3.3 Approche empirique et démarche inductive

 

La difficulté repose sur la disparité et la quantité des objets à étudier et à rassembler. Pour élaborer la méthode, nous avons recensé les travaux menés au sein des universités françaises et contacté des chargés de collection de la mission PATSTEC. Il ressort plusieurs classifications du patrimoine universitaire se déclinant en patrimoine scientifique, historique, archivistique, architectural, technique et pédagogique. A titre d’exemple, Gomel (2011) distingue cinq ensembles de collections, soulignant qu’ils varient en fonction des universités[13] ;

·        Les instruments ou objets achetés ou construits pour et par les activités de recherche

·        Les instruments ou objets achetés ou fabriqués pour l’enseignement

·        Les collections accumulées par les activités de recherche

·        Les objets historiques

·        Les archives historiques, administratives ou scientifiques

 

Les chercheurs de l’Université Fédérale de Toulouse divisent quanteux le patrimoine en quatre collections (Barthet, 2015)[14] :

·         Le patrimoine archivistique

·         Le patrimoine des bibliothèques universitaires

·         Les collections de référence et instrumentales

·         Les sites historiques avant 1969

 

Toutefois, ne retrouvant pas forcément dans ces typologies, l’histoire et les champs de recherche et d’enseignement de l’UPVD et n’ayant pas encore une vue d’ensemble sur les objets de l’université, la prudence nous a amenée à ne pas appliquer tel quel, les grilles développées par les autres établissements. Elles risquent non seulement d’orienter notre enquête, mais en plus, de ne pas manifester l’entièreté des volets scientifiques et pédagogiques propres à l’UPVD. Nous nous inspirerons progressivement des différentes rubriques lors du traitement des données, mais la priorité est la construction de notre propre grille. Le parti méthodologique est donc de mener une démarche inductive nous permettant de faire émerger les catégories patrimoniales issues des productions de l’université. Autrement dit, sans connaître d’avance ce que les coulisses vont nous révéler, nous préférons avancer sans cadre préétabli et modèle type (Heinich, 2016).

4 INVENTAIRE PARTICIPATIF

                  

4.1 Associer la communauté universitaire 

 

 La deuxième étape consiste à aller à la rencontre et à mobiliser la communauté universitaire. Le patrimoine étant considéré comme « fait communicationnel » (Davallon, 2016, p. 5), nous interrogeons les protagonistes pour mettre en lumière les processus de significations.

L’implication de la communauté universitaire s’inscrit dans une double culture scientifique propre au champ de la muséologie, mais aussi au milieu universitaire. Le devis d’investigation s’appuie sur les principes de la muséologie sociale et participative, mais aussi sur l’héritage et l’esprit de l’université médiévale qui conditionnent encore certaines traditions. En ce contexte académique, la notion de communauté s’inscrit dans une permanence institutionnelle sous-jacente au faire universitaire et donc, nous l’appliquons au faire patrimonial. L’institution est le reflet de la communauté et réciproquement.

Brièvement, l’approche muséologique participative est issue du courant des Nouvelles Muséologies né dès les années 1960-1970 visant à intégrer une perspective communautaire dans les pratiques patrimoniales et muséales (de Varine, 1991). Mayrand suggère que:

[] c’est la période où G.H. Rivière initie une nouvelle vision de la muséologie mettant l’homme, la société et son développement – plutôt que l’objet exclusivement – au centre des préoccupations du muséologue (Champoux-Paillé, 2007, p.140).

 

L’enjeu est de s’appuyer sur un patrimoine et sur les acteurs pour se définir sur un territoire et surtout pour être en capacité de se transformer en permanence (de Varine, 1991). Il relève d’un mode de faire pédagogique empreint de visions politiques (Meunier, Soulier, 2009). Ce qui justifie notre démarche, s’explique dans l’épaisseur historique du fonctionnement du milieu universitaire lié à sa communauté. Il apparaît dans l’imbrication des notions d’université et de communauté.

A l’université, qu’entendons-nous par communauté ? Étymologiquement, le mot université, dérivé du latin universitas signifie une « communauté », une « corporation » ou encore une « assemblée ». L’université au Moyen-Âge est un studium. Cette institution de formation intellectuelle de haut niveau se distincte de l’école (école monastique ou municipale) (Catafau, 2013). La première université à Bologne au XIe siècle est nommée Alma Mater Studiorum, la « mère nourricière des études ». Subséquemment, les notions se croisent, universitas magistrorum pour désigner la « corporation des maîtres » ou encore universitas magistrorum et scolarium, correspondant à la « corporation des maîtres et des étudiants ». L’entité universitaire regroupe ainsi un groupe homogène, une corporation de maîtres et d’élèves qui forment une communauté d’intellectuels (Catafau, 2001).

Au-delà de son sens commun de communauté, le mot université était ainsi utilisé pour nommer une association qui offrait un enseignement dans le supérieur dans les diverses disciplines académiques, comme la théologie, le droit, la médecine, les arts libéraux. Les universités médiévales étaient généralement autonomes et indépendantes, ayant leur propre gouvernance et administration. Elles étaient créées dans le cadre de chartes ou de bulles papales qui accordent des bénéfices et droits spécifiques aux étudiants et enseignants. Ces derniers devaient prêter serment à l’oral et à l’écrit en présence du recteur, pour le respect des statuts et règles de vie de la collectivité qui prévalaient sur les juridictions princières, séculières et ecclésiastiques et offraient des privilèges et libertés comme l’immunité universitaire et l’anoblissement, notamment par la collation du grade de docteur ès droits. Nul membre ne peut prétendre échapper à ces obligations, même devant un prince ou un prélat. Par cet engagement public, les statuts fondent l’adhésion au groupe. Ils renforcent l’idée de communauté ; « par le serment, par l’engagement personnel, par l’obligation faite à chacun de ne pas se dérober à sa tâche, ils affirment que l’appartenance à l’université doit être acte de volonté et ne se conserve que par le mérite » (Catafau, 2001, p. 55). L’université demeure indépendante à l’égard du pouvoir royal et épiscopal. Dans cette perspective, elle devient une respublica, où le devoir envers la communauté supplante à l’intérêt personnel et aucun membre ne peut s’y soustraire (Catafau, 2001, p. 38). Le cadre de vie était régi selon un calendrier précis, des programmes de lecture fixes, des obligations de résidence et des rituels comme l’intronisation avec des vêtements cérémoniels (toge, coiffe et mante). Cette notion a ainsi gardé en son sens originel

[] l’idée d’une association d’individus, maîtres et étudiants, réunis par un même intérêt, l’étude, jouissant des mêmes privilèges, dérivés de l’immunité ecclésiastique, et se conformant à un certain nombre de règles librement acceptées, les statuts (Catafau, 2001, p. 31).

Dans cet esprit communautaire, les mots corolaires qui apparaissent dans l’histoire institutionnelle sont la fidélité, la fraternité, la collégialité, jusqu’aux effets du corporatisme (Baisset, 2001). De son épithète universus, perdure le caractère universel « tourné d’un seul élan vers [] la conquête du savoir et la transmission des connaissances (Carmignani, 2001, p. 228).

De nos jours, la notion de communauté universitaire englobe toutes les personnes qui sont directement impliquées dans les activités académiques, techniques et administratives d’une université ; les enseignants, les chercheurs, le personnel des différents services, les étudiants, ainsi que les diplômés à travers Alumni. D’après le code de l’éducation (article L111-5), elle rassemble les usagers que sont les étudiants et les professionnels qui assurent le fonctionnement des établissements et participent à l’accomplissement des missions de ceux-ci. Il s’agit d’un groupe diversifié et dynamique qui partage un intérêt commun pour l’enseignement, la recherche et le développement des connaissances. Elle est caractérisée par un échange intellectuel, une culture académique et une identité partagée au sein de l’université, qui se manifeste dans le sentiment d’appartenance à une Alma Mater.

Nous incluons donc dans notre travail, les enseignants, les chercheurs (dont les ingénieurs et doctorants), les employés de la BU et les techniciens qui sont à la fois héritiers, acteurs puis transmetteurs de savoirs, d’instruments, de spécimens, etc. Nous avons mené des entretiens avec les représentants (en débutant par les directeurs) des laboratoires, des services et des départements. L’objectif est qu’ils identifient et décrivent eux-mêmes leurs pratiques et les objets qui leur semblent les plus révélateurs et significatifs.

Au total, nous avons mené 34 entretiens individuels semi-directifs[15].

4.2 Documentation des objets

A la suite de l’analyse thématique des entretiens et d’un premier repérage d’objets sur site, nous avons à nouveau interviewé les membres du personnel en les interrogeant plus précisément sur les 90 objets qu’ils ont sélectionnés.

A partir de cette deuxième enquête, nous avons pu constituer une grille avec des rubriques que nous pouvons dès lors appliquer systématiquement. Pour terminer l’exercice d’inventaire, nous avons organisé une campagne photographique qui porte à la fois sur le lieu d’entreposage/d’utilisation de l’objet, sur l’interaction objet-usager et sur l’objet lui-même. Lors de ces visites, nous avons procédé aux dernières descriptions et mesures pour compléter les fiches. 

 

5 LES FABRIQUES DE LA SCIENCE ET DU PATRIMOINE NATURELLEMENT ADJOINTES

 

5.1 Préoccupations scientifiques et patrimoniales implicitement et intrinsèquement liées

Les entretiens rendent d’abord compte des axes de recherche, l’histoire des unités, des équipes et des locaux, les ancrages (pluri)disciplinaires, les objets d’études, les terrains, les expériences et les instruments. Progressivement, ils révèlent les dix thématiques suivantes :

·        Matériel de recherche : importance, besoins, mutualisation, droits et invention

·        Patrimoine matériel : incluant les témoignages photos, les fonds de livres, d’archives et documentaires, les collections et échantillons du patrimoine vivant et des collections pédagogiques anciennes

·        Patrimoine immatériel : rituels de travail intra et inter labos, évolution entre continuité et actualités

·        Relations entre laboratoires : synergie, lien, mutualisation, manque de collaboration

·        Conservation : pas une priorité, mais une obligation, manque de place et de moyens, numérisation, nécessité de garder des publications imprimées à l’ère du numérique

·        Relation entre chercheur et son laboratoire : responsabilité de transmettre un héritage aux générations suivantes, sentiment d’appartenance, attachement à l’université, identité du laboratoire, chercheur qui marque son temps, notoriété, reconnaissance

·        Laboratoire et pédagogie : dispositif expérimental, manipulation, prototype, expérience, mêmes machines qu’en contexte professionnel

·        Médiation et vulgarisation scientifique : enjeux, méthodes et événements

Les personnes interviewées ont expliqué la vie au laboratoire, ainsi que plus largement la recherche à l’UPVD. La dynamique patrimoniale demeurait sous-jacente et s’explicitait au gré des échanges. Elle apparait dans leur  discours comme un mécanisme s’articulant à celui de la fabrique de la science.

 

 

5.2 Patrimonialité : valeur et critères

Lors de la sélection des objets, cinq valeurs définissent le patrimoine universitaire.

·        Valeur d’originalité : objets qui sortent de l’ordinaire. Il ressort les qualificatifs suivants : « inhabituels », « rigolos », « magnifique, énorme », « qui suscitent la curiosité », etc .

·        Valeur quantitative : objets récoltés et conservés en quantité. « plus de 5000 échantillons », « cet ensemble est le plus important », etc. »

·        Valeur d’ancienneté : objets les plus vieux qui restent. « c’est 50 ans de recherche »

·        Valeur de rareté : objets uniques. « c’est la plus grande collection au monde de corail mésophotique »

·        Valeur scientifique : objets indispensables pour l’avancement des connaissances. « outils clé de notre activité », « objet au cœur de l’activité de scientifique », « on s’en sert tous les jours », « sans ces outils, on n’avance pas », etc. 

Des objets des plus actuels aux plus anciens, des plus gros aux plus microscopiques, des plus chers aux plus ordinaires, mais au demeurant, nécessaires à la science, seul l’œil aguerri des experts justifie les choix de ce recensement.

5.3 Classification des objets

Nous avons regroupé les objets en cinq catégories. 

·        Le patrimoine de la BU. Il rassemble les objets, les livres anciens et les fonds acquis, conservés et déjà inventoriés, comme les presses de l’atelier de reliure.

·        Les collections de référence. Elles regroupent les matériels collectés, acquis ou légués dans le cadre des activités de recherche et d’enseignement, comme les échantillons du CRIOBE et du CEFREM.

·        Les collections instrumentales comprenant à la fois le matériel de recherche et le matériel pédagogique.

·        Le patrimoine numérique. Tant matériel, qu’immatériel, il s’agit d’équipement, de logiciels créés, utilisés ou encore du Data Center.

·        La production scientifique. Elle concerne les rapports, les mémoires, les thèses et les publications.

Le patrimoine de l’Université de Perpignan se caractérise selon quatre axes. Il est récent, scientifique, technique et pédagogique. Il s’opère d’après les quatre fonctions tant patrimoniales que scientifiques, conjointement associées : collecter (pour produire le savoir), conserver (traçabilité et préservation des données), éduquer (médiation scientifique et enseignement) et transmettre aux futures générations. La figure du passeur d’un héritage scientifique apparait dans les rôles et responsabilités qui sont spontanément adoptés. Le sentiment d’obligation de conserver des objets obsolètes manifeste une forme de conscience patrimoniale, de respect envers les précédents chercheurs, mais aussi une volonté de montrer aux prochains ce que l’activité de recherche a été. Quand il s’agit de mener des manifestations de vulgarisation scientifique, les actions sont davantage tournées vers le futur. Elles sont destinées aux plus jeunes. Une nouvelle mise à l’épreuve du patrimoine se pointe constamment entre ce qui demeurera et ce qui fera sens dans le progrès des connaissances.

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[1] Maître de conférences à l’Université de Perpignan Via Domitia. Membre du CRESEM-UPVD et chercheure associée à Héritages-CNRS.

[2] Citation « si jeune vieille université » (Cadé, 2001, p. 386).

[3] Lespinasse, Louis-Nicolas de (1734-1808). Dessinateur, Née, François-Denis (1732-1817). Graveur, et Margoüet. “ESTUDI PERPINYA | Patrimoine numérisé de l'Université de Perpignan, consulté le 15 mars 2024, https://estudi.univ-perp.fr/items/show/30.

[4] Lespinasse, Louis-Nicolas de (1734-1808). Dessinateur, Née, François-Denis (1732-1817). Graveur, et Margoüet. Dessinateur, “Vue du jardin des Plantes de l'Université de Perpignan,” ESTUDI PERPINYA | Patrimoine numérisé de l'Université de Perpignan, consulté le 15 mars 2024, https://estudi.univ-perp.fr/items/show/137.

[5] L’Université de Perpignan au XVIIIe siècle retrace les temps forts de construction, fermeture et de reconstruction de l’institution.

[6] L’Université de Perpignan de 1350 à 2000 : tradition humaniste et modernité scientifique rend compte de l’histoire de l’institution depuis le Moyen-Âge tout en établissant un état des lieux à l’horizon des années 2000.

[7] L’Université de Perpignan, l’une des plus anciennes universités d’Europe approfondit la recherche historique des périodes clés de son évolution et de son mode de gouvernance et qui met aussi en relief les enjeux et les nouvelles missions de cette université au XXI e siècle.

[8] Mémoire de Master 2 : « Le patrimoine scientifique et technique de l’Universite de Perpignan Via Domitia » soutenu en septembre 2021 à l’Université de Perpignan Via Domitia.

[9] Plus spécifiquement, les buts de PATSTEC sont de : « Sensibiliser les établissements d’enseignement supérieur et de recherche et les entreprises à la sauvegarde et la conservation de ce « patrimoine » scientifique et technique ; Susciter l’organisation dans les régions d'un réseau local autour d’un chef de projet ; Accompagner la mise en œuvre du programme dans les régions grâce au suivi et à la coordination nationale ; Transférer la méthodologie sous forme de conseils et d’expertises, proposer des outils communs aux partenaires du réseau national, une base de données et un site Internet[9] pour la constitution d’un inventaire commun ; Valoriser des actions sous diverses formes au niveau national ». https://www.arts-et-metiers.net/

[10] Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a chargé le Musée des arts et métiers d’une Mission nationale pour sauvegarder et valoriser le patrimoine scientifique et technique des années 1960 à nos jours. Cette Mission concerne le patrimoine matériel, constitué d’objets témoins de la recherche et de l’enseignement, et le patrimoine immatériel, fondé sur la mémoire de ceux qui ont créé ou utilisé ces objets.

[11] La déclaration de Halle en Allemagne mentionne par exemple que « […] les universités doivent avoir conscience de l’importance de leur rôle culturel. Les collections et les musées universitaires fournissent des occasions particulières de réaliser des expériences et de participer à la vie de l’université. Ces collections servent de ressources actives pour l’enseignement et la recherche tout en constituant des archives historiques uniques et irremplaçables. En particulier, les collections des plus anciennes universités européennes sont des témoins du rôle joué par l’université dans la définition et l’interprétation de notre identité culturelle. En valorisant et en développant ce patrimoine académique commun nos établissements témoignent de leur engagement pour une utilisation continue de ces ressources par un large public» (Déclaration de Halle citée dans Ferriot & Lourenço, 2004, p. 9).

[12] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037403591

[13] La typologie de Gomel (2011):

·         « Les instruments ou objets achetés ou construits (prototypes) pour et par les activités de recherche (microscope, squelette floral...) ;

·         Les instruments ou objets achetés ou fabriqués pour l’enseignement (planches pédagogiques, modèles anatomiques d’Auzoux, modèles de cristaux en bois...);

·         Les collections accumulées par les activités de recherche nécessitant ou produisant des séries de référence (herbiers, collections paléontologiques...) ;

·         Les objets historiques acquis ou récupérés (dépôts issus de la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905) au cours de l’histoire de l’institution (tableaux, meubles...)

·         Les archives historiques, administratives ou scientifiques (registres des premiers cours ou des premiers PV des conseils d’administration, manuscrits scientifiques...). »

[14] Plus précisément:

·         « Le patrimoine archivistique : Les archives sont le résultat inévitable des activités d’une personne ou d’une institution à partir du moment où ces activités s’accompagnent, du fait de leur nature même (pratique, juridique, administrative), d’une production ou d’une réception de documents. Il peut s’agir de tout type de document, quel que soit sa forme (achevé ou non, officiel ou non), son support (physique ou numérique) ou sa date. »

·         Le patrimoine des bibliothèques universitaires : Nous entendons par «patrimoine des bibliothèques » les documents considérés comme « anciens, rares ou précieux » conservés dans les bibliothèques universitaires, ce qui nous permet de nous affranchir des débats sur les limites de datations ».

·         Les collections de référence et instrumentales : Les collections de référence rassemblent des matériels collectés, acquis ou légués, dans le cadre des activités de recherche et d’enseignement. Ces collections sont essentiellement liées aux sciences naturelles (avec une extension vers la géographie) et aux sciences médicales. Leur hétérogénéité intrinsèque provient bien souvent de la manière dont ces collections ont été rassemblées au cours du temps. Les collections instrumentales se composent des matériels obsolètes utilisés ou produits par les activités de recherche et d’enseignement des sciences et techniques. » Divisés en sous-collection : les collections d'étude : matériel, source, moyen de la recherche" et collections pédagogiques : « matériel de démonstration de transmission des savoirs »

·         Les sites historiques avant 1969 » (Barthet, 2015).

 

[15] Quant à la délimitation du terrain, l’UPVD est étendue sur la Région Occitanie ; dans les campus de Perpignan (Moulin à vent, Mailly, site à Carnot à Technosud) et ses antennes dans les Pyrénées-Orientales (Tautavel, Font-Romeu), jusque dans l’Aude (Carcassonne et Narbonne) et en Lozère (Mende). Nous nous sommes concentrées sur le campus principal du Moulin à Vent, l’« université-mère » (Sagnes, 2001, p. 163) du XXe siècle et aux activités qui se prolongent dans les locaux de la zone de Technosud.