Patrimoine et communauté universitaires. L’inventaire participatif de l’Université de
Perpignan Via Domitia
Patrimônio e comunidade
universitária. O inventário participativo da Universidade de Perpignan Via Domitia
University
heritage and community. The participative inventory of the University of
Perpignan Via Domitia
Patrimonio universitario
y comunidad. El inventario participativo de la Universidad de Perpiñán Via Domitia
RÉSUMÉ
Comment appréhender le patrimoine d’une université ? L’article présente
le projet d’inventaire participatif mis en place à l’Université
de Perpignan, une des plus jeunes
universités de France et en même
temps, une des plus anciennes
d’Europe. Selon une approche info-communicationnelle, nous interrogeons
la patrimonialité des objets
contemporains du savoir. Nous expliquons
pourquoi et comment nous impliquons
la communauté universitaire
en établissant les liens entre les notions de communauté et d’université. Il ressort, entre autres
que les fabriques de la science et du patrimoine sont
corrélativement associées.
Mots-clés: Communauté
universitaire. Inventaire participatif. Patrimoine universitaire.
Patrimonialisation. Patrimonialité.
ABSTRACT
How do you understand a
university's heritage? This article presents the participatory inventory
project set up at the University of Perpignan, one of the youngest universities
in France and, at the same time, one of the oldest in Europe. Using an
info-communication approach, we examine the heritage of contemporary knowledge
objects. We explain why and how we involve the university community,
establishing links between the notions of community and university. It emerges,
among other things, that the factories of science and heritage are correlatively
associated.
Key words: University
community. Participatory inventory. University heritage. Patrimonialization. Patrimoniality.
RESUMO
Como entender o patrimônio de uma universidade?
Este artigo apresenta o projeto de inventário participativo criado na
Universidade de Perpignan, uma das universidades mais jovens da França e, ao
mesmo tempo, uma das mais antigas da Europa. Usando uma abordagem de infocomunicação, examinamos o patrimônio de objetos de
conhecimento contemporâneos. Explicamos por que e como envolvemos a comunidade
universitária, estabelecendo os vínculos entre as noções de comunidade e
universidade. Entre outras coisas, mostramos que a ciência e o patrimônio estão
associados de forma correlata.
Palavras-chave:
Comunidade universitária. Inventário
participativo. Patrimônio universitário. Patrimonialização. Patrimonialidade.
RESUMEN
¿Cómo entender el
patrimonio de una universidad? Este artículo presenta el proyecto de inventario
participativo puesto en marcha en la Universidad de Perpiñán, una de las más
jóvenes de Francia y, al mismo tiempo, una de las más antiguas de Europa. Mediante
un enfoque infocomunicativo, examinamos el patrimonio
de objetos de conocimiento contemporáneos. Explicamos por qué y cómo implicamos
a la comunidad universitaria estableciendo los vínculos entre las nociones de
comunidad y universidad. Resulta, entre otras cosas, que las fábricas de la
ciencia y el patrimonio están correlativamente asociadas.
Palabras clave: Comunidad universitaria. Inventario
participativo. Patrimonio universitario. Patrimonialización.
Patrimonialidad.
1 INTRODUCTION
L’histoire des musées
est souvent liée à celle des universités. Ces institutions du savoir œuvrent au
progrès des connaissances et au développement de la société. Elles transmettent
théories, pratiques et objets relatifs à l’évolution de la science. Le deuxième musée crée à l’époque moderne est d’ailleurs un musée
universitaire. Le Ashmolean Museum a ouvert ses portes en 1683 à l’Université
d’Oxford au Royaume-Uni. De nombreuses universités,
souvent prestigieuses sont traditionnellement attachées à un musée, comme
celles de Harvard aux Etats-Unis, McGill au Canada. En France, les universités
de Strasbourg, Bordeaux, Sorbonne, Lyon, Lille, Toulouse et Montpellier
possèdent également leurs collections et espaces muséaux. Généralement, les
universités les plus anciennes ont accumulé et conservent des collections de
manuscrits, d’échantillons, de reproductions d’œuvres et d’artefacts. Nul doute
quant aux valeurs scientifiques, historiques et pédagogiques de ces objets qui
forment un ensemble patrimonial, muséalisé.
Le problème se pose
quand il s’agit d’une université récente où les objets sont contemporains, mais
aussi dispersés et surtout enfermés dans les huis-clos des bureaux.
Notre projet consiste
à amorcer une démarche muséologique à l’Université de Perpignan. Le point de
départ est de rendre compte d’un certain intérêt, d’une conscience voire d’un
regard patrimonial. Nous voulons identifier leur patrimonialité. Il s’agit de
mettre au jour la valeur intrinsèque et le caractère patrimonial d’objets.
Notre objectif est de faire émerger les critères de référence plus ou moins
implicites. Autrement dit, qu’est-ce qui fonde les choix et décisions de
sélection, de préservation et d’exposition pour les membres de cette
université ?
Notre ancrage
info-communicationnel s’inscrit dans l’approche relativiste qui définit la
patrimonialisation en tant que processus social, s’opposant ipso facto à la catégorie universelle du
patrimoine (Davallon, 2019). En ce sens, le patrimoine demeure en mouvement. Il
est instable. L’enjeu est d’en cerner les opérations constitutives et les
évolutions. La patrimonialité résulte d’une construction collective qui génère
entre autres, une fonction socio-symbolique (Davallon, 2006). D’un point de vue
méthodologique, notre posture est d’inclure dans cette activité d’inventaire la
communauté à laquelle nous appartenons. C’est en suscitant une certaine
réflexivité entre l’univers quotidien et la dimension patrimoniale de certains
gestes et objets, que nous analysons ce qui se joue dans cette expérience aux
objets afin de mieux penser la relation entretenue avec ces derniers. Sur le
terrain, nous nous sommes inspirés de la démarche participative de la
muséologie sociale (de Varine, 1976, 1991) en demandant directement à la
communauté universitaire ce qui fait patrimoine.
L’enquête consiste à
engager des échanges quant aux traces et témoins des activités tant académiques
que techniques. Pour être en mesure de retracer à la fois des dimensions
matérielles et immatérielles de cette dynamique patrimoniale, nous avons mené
des entretiens et des observations. Nous avons sélectionné avec chacun des
directeurs des laboratoires des objets, les plus spécifiques et représentatifs
des travaux de cette université afin de déterminer leur valeur patrimoniale et
ce qui fait sens pour eux. Nous avons ainsi défini avec le personnel : les
représentations et les significations de ces objets en s’intéressant à leurs
récits et à leurs gestes dans la fabrique et la préservation de la science.
L’article présente le
contexte du projet, la méthode, les assises théoriques et la classification du
patrimoine universitaire qui résulte de ce projet d’inventaire.
Contexte : quel patrimoine à l’Université de
Perpignan ?
2 RAPPORT AU PASSÉ D’UNE “SI JEUNE
VIEILLE UNIVERSITÉ”[2]
En 2009, l’université a adopté le nom d’Université de
Perpignan Via Domitia (UPVD) pour mettre en valeur son héritage historique et
sa situation géographique, stratégique depuis l’Antiquité. Au cœur de la
méditerranée, elle s’affiche comme porte ouverte sur le monde.
L’exégèse de l’institution rend compte de la richesse du
fonds d’archives depuis sa fondation au Moyen-Âge, mais l’historiographie
montre toutefois que peu de chercheurs s’y sont intéressés (Catafau, 2013).
Déjà en 1970, Gigot, l’ancien directeur des Archives départementales des
Pyrénées-Orientales, constatait que l’histoire ancienne de l’université de
Perpignan est à écrire (Catafau, 2013).
Qualifiée « d’Université-phénix » (Carmignani,
2001, p.17), elle renaît de ses cendres, au milieu du XXe siècle,
après 164 ans de fermeture. Crée en 1350 par le roi Pierre IV d’Aragon (et
comte de Barcelone), son ouverture officielle et effective a lieu en 1379 à
partir de la bulle papale de Clément VII. Nommée, studium generale (« Maison de toutes sortes d’Etudes »
(1996), elle est une des plus
anciennes universités d’Europe. La seule existante en catalogne-aragonaise.
Elle offre des hautes et complètes études en médecine,
droit et arts, du baccalauréat au doctorat durant
l’Ancien Régime (Catafau, 2013). Elle jouit des mêmes privilèges et libertés
que les universités de Lérida et Toulouse. La théologie est par la suite
enseignée à l’instar de ses consœurs catalanes et montpelliéraine dès 1447.
Elle est ensuite rattachée au royaume de France par le traité des Pyrénées en 1659 (Fig 1)[3].
Fig 1- Vue de la façade de I’Univrsité de Perpignan
Louis-Nicolias Lespinasse (1734-1808)
Après une période de crises, l’Université de Perpignan
connaît un renouveau durant le XVIIIe siècle (Baisset, 2013). Elle
est dotée de plusieurs chaires nouvelles, d’un jardin des plantes de 1759 (à
1859) (Fig 2)[4],
ainsi que d’un cabinet de physique et d’anatomie (Baisset, 2013).
Fig 2- Vue du jardin des Plantes de l'Université de Perpignan
Louis-Nicolas Lespinasse (1734-1808)
Dès 1770, un cabinet d’histoire naturelle est constitué.
Il est repris en 1835 par la Société philomatique de Perpignan, puis il devient
en 1840 le Muséum d’histoire naturelle de la ville de Perpignan. Il est composé
d’objets d’archéologie, de zoologie, minéralogie et d’ethnologie.
L’institution doit cependant fermer, comme toute
université française dans le contexte de la Révolution en 1793. Dès 1808,
plusieurs universités ont pu réouvrir leurs portes. L’Université de Perpignan
attend jusqu’en 1957, tout en demeurant seulement, un centre universitaire sous
l’égide des facultés de Montpellier. Elle reprend progressivement sa place dans
l’enseignement supérieur français. En 1971, son administration et sa communauté
universitaires deviennent indépendantes. Elle gagne finalement sa pleine
autonomie pédagogique en 1979, ce qui fait d’elle, une des universités les plus
récentes (Sagnes, 2013). « L’Université de Perpignan est à la fois une
vielle dame et une toute jeune institution » (Hoerner, 2001, p. 19).
Au seuil du troisième millénaire, trois ouvrages
collectifs sont publiés en 1996[5],
2001[6]
(célébrations du 650ème anniversaire) puis en 2013[7].
Ils retracent son histoire et portent un éclairage sur son évolution et ses
perspectives quant à sa vocation pluridisciplinaire, son ancrage dans la cité
et le Roussillon, mais aussi en tant qu’université de frontière et
transfrontalière. Ils rendent compte de la vie, des valeurs et du
fonctionnement, ainsi que des transformations de la « communauté
universitaire » à travers ses différentes périodes, tout en soulignant
l’idée que ce « corps universitaire est un, tout en ayant plusieurs membres »
(Carimagni, 2001, p. 17) : E
Pluribus Unus.
3 LE PROJET D’INVENTAIRE PATRIMONIAL
Le projet d’inventaire du patrimoine universitaire a été
lancé en 2020 au sein du cabinet de la présidence qui propose alors
d’identifier et de valoriser son patrimoine. Cette initiative vise à plus long
terme à mieux promouvoir et transmettre les domaines de recherche et
d’enseignement de l’établissement. Elle s’intègre dans les missions confiées au
service public de l’enseignement supérieur (Baudier et al., 2019, p. 19).
Au premier abord, il
apparaît peu pertinent voire impertinent de mener un inventaire. Mise à part
les fonds de la bibliothèque universitaire et les collections déjà confiées à des
équipements patrimoniaux externes, comme à l’aquarium Oniria (collections de
coraux), cette université ne possède plus d’espaces muséaux. Les objets sont
encore utilisés, sinon mis de côté et entassés dans un coin de salle, ou bien
recyclés et jetés. La démarche demandée ne s’inscrit pas dans une approche
classique de gestion du patrimoine culturel, ne disposant pas de recul temporel
et de prise de distance intellectuelle collective. D’ailleurs, le malentendu
provoqué par cette décision chez les enseignants-chercheurs est significatif.
La première impression est que la hiérarchie souhaite recenser les outils et
les instruments des laboratoires pour avoir une certaine main mise. La notion
de « patrimoine » dans ce discours institutionnel génère un malaise.
D’une part, ce mot renvoie au « Pôle patrimoine » des services centraux
qui gère la maintenance et la logistique du matériel et de l’immobilier de
l’établissement. Une certaine résistance apparaît quand on demande d’ouvrir les
tiroirs et placards pour répertorier ce qui y est entreposé. Quelques personnes
éprouvent le sentiment qu’on entre dans leur sphère, interzone entre le
professionnel et le personnel. Cette attitude se comprend très bien, ce
pourquoi nous devons expliquer les fonctions culturelles et scientifiques de
notre travail, sans biaiser l’investigation. D’autre part, il est difficile à
ce stade pour les enseignants-chercheurs d’envisager un patrimoine répondant à
leurs représentations et critères traditionnels. Ainsi, une certaine
incompréhension apparaît quant à l’intérêt patrimonial des objets de travail du
quotidien ou bien déjà délaissés dans l’avancement de la science. Cela rejoint
les constats de Lempereur, confrontée dans ses enquêtes à la même réaction des
enseignants-chercheurs de Liège (2014). En outre, dans certains domaines
notamment en sciences humaines et sociales, mis à part les mémoires et les publications,
les chercheurs ont du mal à reconnaître des éléments de valeurs patrimoniales.
Néanmoins, il suffit
d’écouter dans les couloirs les anciens étudiants, les enseignants-chercheurs
les plus âgés et de porter attention aux discours des retraités pour remarquer
que l’UPVD a pour eux changé, « elle n’est plus, ce qu’elle était ».
Sans forcément tomber dans la nostalgie ou le jugement, les commentaires
d’ordre factuels et contextuels portent à la fois sur les bâtiments et
l’extension des campus (« des édifices ont été démolis, d’autres
construits, de nouvelles antennes sont créées »), mais aussi sur les
pratiques, les équipements pédagogiques et scientifiques « qui ont
beaucoup évolué ces dernières années ». Tout en avançant avec précaution,
nous demeurons attentifs à cette impression de transformation. L’éclosion du
patrimoine s’enclenche généralement à la suite d’une rupture, ou tout du moins,
d’un sentiment de changement (Rautenberg, 2003).
La préoccupation patrimoniale d’abord portée par la
vice-présidence, Valorisation recherche, nous convainc de réaliser un premier
état des lieux. L’ensemble du projet a été mené avec Matthieu Martel, le
vice-président et Lauriane Albertini, étudiante-apprentie en Master 2
Patrimoines[8].
3.1 Cadres et enjeux
universitaires
S’appuyant au préalable sur les recommandations de la
mission nationale PATSTEC (PATrimoine
Scientifique et TEchnique Contemporain), le
cadre donné est de repérer, sauvegarder, documenter et mettre en valeur les
instruments scientifiques de la recherche[9].
La mission nationale a été créée en 2003. Elle vise à
répondre à la nécessité de recenser et conserver des objets qui témoignent des
avancées scientifiques et technologiques récentes[10].
Elle s’engage notamment dans la numérisation en ligne des collections pour une
plus large diffusion des données et des résultats de la recherche.
Elle
est issue d’un programme universitaire
mené
par Cuenca en 1996 « Mémoires de l’innovation technologique »
à l’Université de Nantes dont
le but est de « repérer le patrimoine scientifique et
technique de cette université
et de mener des actions de valorisation
auprès des publics » (Cuenca, 2010, p. 22)
qui est ensuite devenu un programme à l’échelle régionale, puis nationale.
Au tournant des années 2000, plusieurs programmes de
sauvegarde et de réseaux universitaires en Europe et à l’international ont été
mis en place pour protéger et valoriser le patrimoine universitaire[11].
Dès 2005, le Conseil de l’Europe adopte une recommandation sur la gouvernance
et la gestion du patrimoine
universitaire. Elle demande aux universités
[…] de considérer l’ensemble du patrimoine de l’établissement
d’enseignement supérieur
comme relevant de sa responsabilité ultime, morale, administrative et juridique
(Soubiran, 2007, p.34).
Elle
établit une déclaration d’intentions et un guide des bonnes pratiques à propos des
[…] politiques, la législation, la gouvernance
et la gestion, le financement,
l’accessibilité, la formation
professionnelle, la recherche,
la sensibilisation, les relations
avec les collectivités
territoriales, et la coopération internationale (Soubiran et al.,
2009, p.7).
Selon
la définition du Conseil de l’Europe, le patrimoine universitaire
[…] désigne l’ensemble du patrimoine matériel et immatériel
lié aux établissements,
organismes et systèmes
d’enseignements supérieur,
ainsi qu’à la communauté des universitaires
et des étudiants, et à l’environnement social et culturel
dans lequel s’inscrit ce patrimoine. On entend par "patrimoine des universités" l’ensemble
des vestiges matériels
et immatériels d’activités
humaines liées
à l’enseignement supérieur.
C’est un réservoir de
richesses accumulées
qui intéresse directement
la communauté des universitaires
et des étudiants, leurs
croyances, leurs valeurs, leurs résultats et leurs fonctions sociales et culturelles,
ainsi que le mode de transmission du savoir et la faculté d’innovation (Ballé et al., 2016, p. 149).
Le
patrimoine des universités est l’objet d’une préoccupation commune et d’un
intérêt croissant à l’échelle européenne (Soubiran,
2007).
De plus, le décret
n°2018-792 du 13 septembre 2018, relatif
aux services communs universitaires, officialise, notamment, les modalités de création des services universitaires chargés de
la diffusion de la culture scientifique,
technique et industrielle. Il précise dans les missions attribuées ; Art. D. 714-94 – « Valoriser le patrimoine architectural, artistique et paysager du campus »,
Art. D. 714-96 - « Valoriser le patrimoine scientifique
et technique du campus »[12].
Selon ces textes,
juridiquement souples (Bassano et Dubreuil, 2015), la reconnaissance
patrimoniale est accordée ; aux objets contemporains, aux expressions tant
matérielles qu’immatérielles, mais aussi à chacune des universités, les
inscrivant in fine dans un bien
commun. Nous nous appuyons au préalable sur cette acception commune. Qui plus
est, les travaux de Soubiran (2016), ainsi que l’enquête de l’OCIM sur les
collections scientifiques et techniques des universités (Baudier, 2019),
montrent les besoins et intérêts d’une telle démarche.
3.2 Interroger
la patrimonialité avec la communauté
Comment considérer et concevoir le patrimoine
universitaire ? L’objectif est d’interroger la patrimonialité des objets qui
manifestent la science d’hier, d’aujourd’hui en vue de demain afin de pénétrer ce
qui se joue au sein de l’UPVD, tout en s’écartant des déclarations précédemment
citées. D’après le modèle de patrimonialisation de Davallon (2006, 2015, 2018), notre inventaire est pensé
en tant que gestes à la fois de « trouvaille » où le groupe estime
qu’un objet est digne de « valeur », mais aussi « d’étude de
l’objet et de mobilisation d’une production de savoir » afin de le documenter.
Nous procédons en six étapes ; 1- revue de
littérature et veille en patrimoine, 2- élaboration et réalisation d’un
protocole d’investigation (adapté aux contraintes sanitaires liées à la
COVID-19), 3- construction et application d’un système de classification et de
documentation, 4- campagne photographique, 5- rédaction et publication d’un
catalogue sur les objets du savoir de l’UPVD (Martel, Soulier, Albertini, 2021),
6- exposition photographique des gestes et portraits de la communauté
universitaire à titre de restitution, présentée à la BU.
3.3 Approche empirique et démarche inductive
La difficulté repose
sur la disparité et la quantité des objets à étudier et à rassembler. Pour
élaborer la méthode, nous avons recensé les travaux menés au sein des
universités françaises et contacté des chargés de collection de la mission
PATSTEC. Il ressort plusieurs classifications du patrimoine universitaire se
déclinant en patrimoine scientifique, historique, archivistique, architectural,
technique et pédagogique. A titre d’exemple, Gomel (2011) distingue cinq
ensembles de collections, soulignant qu’ils varient en fonction des
universités[13] ;
·
Les instruments ou objets achetés ou construits pour et par les activités de recherche
·
Les instruments ou objets achetés ou fabriqués pour l’enseignement
·
Les collections
accumulées par les activités
de recherche
·
Les objets historiques
·
Les archives historiques, administratives ou scientifiques
Les chercheurs de l’Université Fédérale de Toulouse divisent
quant à eux le patrimoine en quatre collections (Barthet, 2015)[14]
:
·
Le
patrimoine archivistique
·
Le
patrimoine des bibliothèques
universitaires
·
Les collections de référence et instrumentales
·
Les sites historiques
avant 1969
Toutefois, ne retrouvant pas forcément dans ces typologies,
l’histoire et les champs de recherche et d’enseignement de l’UPVD et n’ayant
pas encore une vue d’ensemble sur les objets de l’université, la prudence nous
a amenée à ne pas appliquer tel quel, les grilles développées par les autres
établissements. Elles risquent non seulement d’orienter notre enquête, mais en
plus, de ne pas manifester l’entièreté des volets scientifiques et pédagogiques
propres à l’UPVD. Nous nous inspirerons progressivement des différentes
rubriques lors du traitement des données, mais la priorité est la construction
de notre propre grille. Le parti méthodologique est donc de mener une démarche
inductive nous permettant de faire émerger les catégories patrimoniales issues
des productions de l’université. Autrement dit, sans connaître d’avance ce que
les coulisses vont nous révéler, nous préférons avancer sans cadre préétabli et
modèle type (Heinich, 2016).
4 INVENTAIRE PARTICIPATIF
4.1 Associer
la communauté universitaire
La deuxième étape consiste à aller à la rencontre et à
mobiliser la communauté universitaire. Le patrimoine étant considéré comme
« fait communicationnel » (Davallon, 2016, p. 5), nous interrogeons
les protagonistes pour mettre en lumière les processus de significations.
L’implication de la communauté universitaire s’inscrit
dans une double culture scientifique propre au champ de la muséologie, mais
aussi au milieu universitaire. Le devis d’investigation s’appuie sur les
principes de la muséologie sociale et participative, mais aussi sur l’héritage
et l’esprit de l’université médiévale qui conditionnent encore certaines
traditions. En ce contexte académique, la notion de communauté s’inscrit dans
une permanence institutionnelle sous-jacente au faire universitaire et donc,
nous l’appliquons au faire patrimonial. L’institution est le reflet de la
communauté et réciproquement.
Brièvement, l’approche muséologique participative est
issue du courant des Nouvelles Muséologies né dès les années 1960-1970 visant à
intégrer une perspective communautaire dans les pratiques patrimoniales et
muséales (de Varine, 1991). Mayrand suggère que:
[…] c’est la période où G.H.
Rivière initie une nouvelle vision de la muséologie mettant l’homme, la société
et son développement – plutôt que l’objet exclusivement – au centre
des préoccupations du muséologue (Champoux-Paillé, 2007, p.140).
L’enjeu est de s’appuyer sur un patrimoine et sur les
acteurs pour se définir sur un territoire et surtout pour être en capacité de
se transformer en permanence (de Varine, 1991). Il relève d’un mode de faire
pédagogique empreint de visions politiques (Meunier, Soulier, 2009). Ce qui
justifie notre démarche, s’explique dans l’épaisseur historique du
fonctionnement du milieu universitaire lié à sa communauté. Il apparaît dans l’imbrication
des notions d’université et de communauté.
A l’université,
qu’entendons-nous par communauté ? Étymologiquement, le mot université,
dérivé du latin universitas signifie
une « communauté », une « corporation » ou encore une
« assemblée ». L’université au Moyen-Âge est un studium. Cette institution de formation intellectuelle de haut
niveau se distincte de l’école (école monastique ou municipale) (Catafau,
2013). La première université à Bologne au XIe siècle est nommée Alma Mater Studiorum, la « mère
nourricière des études ». Subséquemment, les notions se croisent, universitas magistrorum pour désigner la « corporation des
maîtres » ou encore universitas magistrorum et scolarium,
correspondant à la « corporation des maîtres et
des étudiants ». L’entité universitaire regroupe ainsi un groupe homogène,
une corporation de maîtres et d’élèves qui forment une communauté
d’intellectuels (Catafau, 2001).
Au-delà de son sens
commun de communauté, le mot université était ainsi utilisé pour nommer une
association qui offrait un enseignement dans le supérieur dans les diverses
disciplines académiques, comme la théologie, le droit, la médecine, les arts
libéraux. Les universités médiévales étaient généralement autonomes et
indépendantes, ayant leur propre gouvernance et administration. Elles étaient
créées dans le cadre de chartes ou de bulles papales qui accordent des
bénéfices et droits spécifiques aux étudiants et enseignants. Ces derniers
devaient prêter serment à l’oral et à l’écrit en présence du recteur, pour le
respect des statuts et règles de vie de la collectivité qui prévalaient sur les
juridictions princières, séculières et ecclésiastiques et offraient des
privilèges et libertés comme l’immunité universitaire et l’anoblissement,
notamment par la collation du grade de docteur ès droits. Nul membre ne peut
prétendre échapper à ces obligations, même devant un prince ou un prélat. Par
cet engagement public, les statuts fondent l’adhésion au groupe. Ils renforcent
l’idée de communauté ; « par le serment, par l’engagement personnel,
par l’obligation faite à chacun de ne pas se dérober à sa tâche, ils affirment
que l’appartenance à l’université doit être acte de volonté et ne se conserve
que par le mérite » (Catafau, 2001, p. 55). L’université demeure
indépendante à l’égard du pouvoir royal et épiscopal. Dans cette perspective,
elle devient une respublica, où le
devoir envers la communauté supplante à l’intérêt personnel et aucun membre ne
peut s’y soustraire (Catafau, 2001, p. 38). Le cadre de vie était régi selon un
calendrier précis, des programmes de lecture fixes, des obligations de
résidence et des rituels comme l’intronisation avec des vêtements cérémoniels
(toge, coiffe et mante). Cette notion a ainsi gardé en son sens originel
[…] l’idée d’une association
d’individus, maîtres et étudiants, réunis par un même intérêt, l’étude,
jouissant des mêmes privilèges, dérivés de l’immunité ecclésiastique, et se
conformant à un certain nombre de règles librement acceptées, les statuts
(Catafau, 2001, p. 31).
Dans cet esprit
communautaire, les mots corolaires qui apparaissent dans l’histoire
institutionnelle sont la fidélité, la fraternité, la collégialité, jusqu’aux
effets du corporatisme (Baisset, 2001). De son épithète universus, perdure le caractère universel
« tourné d’un seul élan vers […] la conquête du savoir
et la transmission des connaissances (Carmignani, 2001, p. 228).
De nos jours, la
notion de communauté universitaire englobe toutes les personnes qui sont
directement impliquées dans les activités académiques, techniques et
administratives d’une université ; les enseignants, les chercheurs, le
personnel des différents services, les étudiants, ainsi que les diplômés à
travers Alumni. D’après le code de l’éducation (article L111-5), elle rassemble
les usagers que sont les étudiants et les professionnels qui assurent le
fonctionnement des établissements et participent à l’accomplissement des
missions de ceux-ci. Il s’agit d’un groupe diversifié et dynamique qui partage
un intérêt commun pour l’enseignement, la recherche et le développement des
connaissances. Elle est caractérisée par un échange intellectuel, une culture
académique et une identité partagée au sein de l’université, qui se manifeste
dans le sentiment d’appartenance à une Alma
Mater.
Nous incluons donc
dans notre travail, les enseignants,
les chercheurs (dont les ingénieurs et doctorants), les employés de la BU et
les techniciens qui sont à la fois héritiers, acteurs puis transmetteurs de
savoirs, d’instruments, de spécimens, etc. Nous avons mené des entretiens avec
les représentants (en débutant par les directeurs) des laboratoires, des
services et des départements. L’objectif est qu’ils identifient et décrivent
eux-mêmes leurs pratiques et les objets qui leur semblent les plus révélateurs
et significatifs.
Au total, nous avons mené 34 entretiens individuels
semi-directifs[15].
4.2 Documentation des
objets
A la suite de l’analyse thématique des entretiens et d’un
premier repérage d’objets sur site, nous avons à nouveau interviewé les membres
du personnel en les interrogeant plus précisément sur les 90 objets qu’ils ont
sélectionnés.
A partir de cette deuxième enquête, nous avons pu
constituer une grille avec des rubriques que nous pouvons dès lors appliquer
systématiquement. Pour terminer l’exercice d’inventaire, nous avons organisé
une campagne photographique qui porte à la fois sur le lieu
d’entreposage/d’utilisation de l’objet, sur l’interaction objet-usager et sur
l’objet lui-même. Lors de ces visites, nous avons procédé aux dernières
descriptions et mesures pour compléter les fiches.
5 LES FABRIQUES DE LA SCIENCE ET DU
PATRIMOINE NATURELLEMENT ADJOINTES
5.1 Préoccupations
scientifiques et patrimoniales implicitement et intrinsèquement liées
Les entretiens
rendent d’abord compte des axes de recherche, l’histoire des unités, des
équipes et des locaux, les ancrages (pluri)disciplinaires, les objets d’études,
les terrains, les expériences et les instruments. Progressivement, ils révèlent
les dix thématiques suivantes :
·
Matériel
de recherche : importance, besoins, mutualisation, droits et invention
·
Patrimoine
matériel : incluant les témoignages photos, les fonds de livres,
d’archives et documentaires, les collections et échantillons du patrimoine
vivant et des collections pédagogiques anciennes
·
Patrimoine
immatériel : rituels de travail intra et inter labos, évolution entre
continuité et actualités
·
Relations
entre laboratoires : synergie, lien, mutualisation, manque de
collaboration
·
Conservation :
pas une priorité, mais une obligation, manque de place et de moyens,
numérisation, nécessité de garder des publications imprimées à l’ère du
numérique
·
Relation
entre chercheur et son laboratoire : responsabilité de transmettre un
héritage aux générations suivantes, sentiment d’appartenance, attachement à
l’université, identité du laboratoire, chercheur qui marque son temps,
notoriété, reconnaissance
·
Laboratoire
et pédagogie : dispositif expérimental, manipulation, prototype,
expérience, mêmes machines qu’en contexte professionnel
·
Médiation
et vulgarisation scientifique : enjeux, méthodes et événements
Les personnes interviewées ont expliqué la vie au
laboratoire, ainsi que plus largement la recherche à l’UPVD. La dynamique
patrimoniale demeurait sous-jacente et s’explicitait au gré des échanges. Elle apparait
dans leur discours
comme un mécanisme s’articulant à celui de la fabrique de la science.
5.2 Patrimonialité : valeur et critères
Lors de la sélection des objets, cinq valeurs définissent
le patrimoine universitaire.
·
Valeur
d’originalité : objets qui sortent de l’ordinaire. Il ressort les
qualificatifs suivants : « inhabituels », « rigolos »,
« magnifique, énorme », « qui suscitent la curiosité »,
etc .
·
Valeur
quantitative : objets récoltés et conservés en quantité. « plus de
5000 échantillons », « cet ensemble est le plus important »,
etc. »
·
Valeur
d’ancienneté : objets les plus vieux qui restent. « c’est 50 ans de
recherche »
·
Valeur de
rareté : objets uniques. « c’est la plus grande collection au monde
de corail mésophotique »
·
Valeur
scientifique : objets indispensables pour l’avancement des connaissances.
« outils clé de notre activité », « objet au cœur de l’activité
de scientifique », « on s’en sert tous les jours », « sans
ces outils, on n’avance pas », etc.
Des objets des plus actuels
aux plus anciens, des plus gros aux plus microscopiques, des plus chers aux
plus ordinaires, mais au demeurant, nécessaires à la science, seul l’œil
aguerri des experts justifie les choix de ce recensement.
5.3 Classification des objets
Nous avons regroupé les objets en cinq catégories.
·
Le
patrimoine de la BU. Il rassemble les objets, les livres anciens et les fonds
acquis, conservés et déjà inventoriés, comme les presses de l’atelier de
reliure.
·
Les
collections de référence. Elles regroupent les matériels collectés, acquis ou
légués dans le cadre des activités de recherche et d’enseignement, comme les
échantillons du CRIOBE et du CEFREM.
·
Les
collections instrumentales comprenant à la fois le matériel de recherche et le
matériel pédagogique.
·
Le
patrimoine numérique. Tant matériel, qu’immatériel, il s’agit d’équipement, de
logiciels créés, utilisés ou encore du Data Center.
·
La
production scientifique. Elle concerne les rapports, les mémoires, les thèses
et les publications.
Le patrimoine de l’Université
de Perpignan se caractérise selon quatre axes. Il est récent,
scientifique, technique et pédagogique. Il s’opère d’après les quatre fonctions
tant patrimoniales que scientifiques, conjointement associées : collecter
(pour produire le savoir), conserver (traçabilité et préservation des données),
éduquer (médiation scientifique et enseignement) et transmettre aux futures
générations. La figure du passeur d’un héritage scientifique apparait dans les
rôles et responsabilités qui sont spontanément adoptés. Le sentiment
d’obligation de conserver des objets obsolètes manifeste une forme de
conscience patrimoniale, de respect envers les précédents chercheurs, mais
aussi une volonté de montrer aux prochains ce que l’activité de recherche a
été. Quand il s’agit de mener des manifestations de vulgarisation scientifique,
les actions sont davantage tournées vers le futur. Elles sont destinées aux
plus jeunes. Une nouvelle mise à l’épreuve du patrimoine se pointe constamment entre
ce qui demeurera et ce qui fera sens dans le progrès des connaissances.
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VARINE, H. DE. La
culture des autres. Paris: Seuil, 1976.
[1]
Maître de conférences à l’Université de Perpignan Via Domitia. Membre du
CRESEM-UPVD et chercheure associée
à Héritages-CNRS.
[2] Citation « si jeune vieille université » (Cadé, 2001, p. 386).
[3] Lespinasse,
Louis-Nicolas de (1734-1808). Dessinateur, Née, François-Denis (1732-1817). Graveur, et Margoüet. “ESTUDI
PERPINYA | Patrimoine numérisé
de l'Université de Perpignan,
consulté le 15 mars 2024, https://estudi.univ-perp.fr/items/show/30.
[4] Lespinasse, Louis-Nicolas de
(1734-1808). Dessinateur, Née,
François-Denis (1732-1817). Graveur, et Margoüet. Dessinateur, “Vue du jardin
des Plantes de l'Université de Perpignan,” ESTUDI PERPINYA | Patrimoine numérisé de l'Université de
Perpignan, consulté le
15 mars 2024, https://estudi.univ-perp.fr/items/show/137.
[5] L’Université de Perpignan
au XVIIIe siècle retrace les temps forts
de construction, fermeture et de reconstruction de l’institution.
[6] L’Université de
Perpignan de 1350 à 2000 : tradition humaniste et modernité scientifique rend compte de l’histoire de l’institution depuis le Moyen-Âge tout en
établissant un état des lieux à l’horizon des années 2000.
[7] L’Université de Perpignan,
l’une des plus anciennes universités d’Europe approfondit
la recherche historique des périodes clés de son évolution et de son mode de
gouvernance et qui met aussi en relief les enjeux et les nouvelles missions de
cette université au XXI e
siècle.
[8] Mémoire de Master 2 : « Le patrimoine scientifique et technique de l’Universite de Perpignan Via
Domitia »
soutenu en septembre 2021 à l’Université de Perpignan Via Domitia.
[9] Plus spécifiquement, les buts de PATSTEC sont de : « Sensibiliser les
établissements d’enseignement supérieur et de recherche et les
entreprises à la sauvegarde et la conservation de ce « patrimoine »
scientifique et technique ; Susciter l’organisation dans les régions d'un
réseau local autour d’un chef de projet ; Accompagner la mise en œuvre du
programme dans les régions grâce au suivi et à la
coordination nationale ; Transférer la méthodologie sous forme de
conseils et d’expertises, proposer des outils communs aux partenaires du
réseau national, une base de données et un site Internet[9] pour la
constitution d’un inventaire commun ; Valoriser des actions sous diverses
formes au niveau national ». https://www.arts-et-metiers.net/
[10] Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a chargé le
Musée des arts et métiers d’une Mission nationale pour sauvegarder et valoriser
le patrimoine scientifique et technique des années 1960 à nos jours. Cette
Mission concerne le patrimoine matériel, constitué d’objets témoins de la
recherche et de l’enseignement, et le patrimoine immatériel, fondé sur la
mémoire de ceux qui ont créé ou utilisé ces objets.
[11]
La déclaration de Halle en Allemagne mentionne par
exemple que « […] les universités doivent avoir conscience de l’importance
de leur rôle culturel. Les collections et les musées universitaires
fournissent des occasions particulières de réaliser des
expériences et de participer à la vie de l’université. Ces collections servent de ressources actives
pour l’enseignement et la recherche tout en constituant des archives historiques
uniques et irremplaçables.
En particulier, les collections des plus anciennes universités européennes
sont des témoins du rôle joué par l’université dans la définition
et l’interprétation de notre
identité culturelle.
En valorisant et en développant
ce patrimoine académique commun nos établissements témoignent de leur
engagement pour une utilisation
continue de ces ressources
par un large public» (Déclaration de Halle citée dans Ferriot & Lourenço, 2004, p. 9).
[12] https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037403591
[13] La typologie
de Gomel (2011):
·
« Les instruments ou objets achetés ou construits (prototypes) pour et par les activités de recherche (microscope, squelette floral...) ;
·
Les
instruments ou objets achetés ou fabriqués pour l’enseignement (planches pédagogiques, modèles
anatomiques d’Auzoux, modèles de cristaux en
bois...);
·
Les
collections accumulées
par les activités de recherche nécessitant ou produisant des séries de référence (herbiers, collections paléontologiques...) ;
·
Les
objets historiques acquis ou récupérés
(dépôts issus
de la loi de séparation
de l’Église et de l’État
de 1905) au cours de l’histoire de l’institution
(tableaux, meubles...)
·
Les
archives historiques, administratives ou scientifiques
(registres des premiers cours ou des premiers PV des conseils d’administration, manuscrits scientifiques...). »
[14] Plus précisément:
·
« Le patrimoine archivistique : Les archives sont
le résultat inévitable
des activités d’une personne ou d’une
institution à partir du moment où ces activités
s’accompagnent, du fait de leur
nature même (pratique, juridique,
administrative), d’une production ou
d’une réception de
documents. Il peut s’agir de tout type de document, quel que soit sa
forme (achevé ou non, officiel
ou non), son support (physique ou numérique) ou sa date. »
·
Le patrimoine des bibliothèques
universitaires : Nous entendons
par «patrimoine des bibliothèques
» les documents considérés comme « anciens, rares ou précieux » conservés dans les bibliothèques
universitaires, ce qui nous permet
de nous affranchir des débats sur les limites de datations ».
·
Les
collections de référence
et instrumentales : Les collections
de référence rassemblent
des matériels collectés,
acquis ou légués,
dans le cadre
des activités de recherche
et d’enseignement. Ces
collections sont essentiellement
liées aux sciences naturelles
(avec une extension vers la
géographie) et aux sciences médicales.
Leur hétérogénéité
intrinsèque provient
bien souvent de la manière
dont ces collections ont été rassemblées au cours du
temps. Les collections instrumentales se composent des matériels obsolètes utilisés ou produits par les activités de recherche et d’enseignement
des sciences et techniques. » Divisés en sous-collection : les collections d'étude
: matériel, source, moyen de
la recherche" et collections pédagogiques
: « matériel de démonstration
de transmission des savoirs »
·
Les sites historiques avant 1969 » (Barthet, 2015).
[15] Quant à la
délimitation du terrain, l’UPVD est étendue sur la Région Occitanie ; dans
les campus de Perpignan (Moulin à vent, Mailly, site à Carnot à Technosud) et ses antennes dans les Pyrénées-Orientales
(Tautavel, Font-Romeu), jusque dans l’Aude
(Carcassonne et Narbonne) et en Lozère (Mende). Nous nous sommes concentrées
sur le campus principal du Moulin à Vent, l’« université-mère »
(Sagnes, 2001, p. 163) du XXe siècle et aux activités qui se
prolongent dans les locaux de la zone de Technosud.